Enseigner autrement, c'est un choix personnel ! http://pedagost.over-blog.com/enseigner-autrement.html
16 Avril 2018
J'ai eu la chance de vivre un temps d'échange avec deux groupe d'élèves de CM2 de mon école (pas ma classe) sur leurs difficultés d'apprentissage passées et/ou présentes.
J'ai vécu un moment très fort, un peu comme lorsque nous menons des ateliers philo en classe. Je pense qu'eux aussi !
Il y a pour moi quelque chose à conduire de manière vraiment urgente en classe et à l'école pour que l'"expression de déblocage", celle qui ouvre, qui autorise, qui libère, puisse se vivre, et qu'ainsi, les apprentissages puissent grandir.
Vous verrez dans la retranscription ci-dessous qu'ils ont déjà des idées...
Nos difficultés d’apprentissage
- En Histoire, car ça ne me passionnait pas
- Je n’arrivais pas à contrôler mes actes. Puis j’en ai parlé à mes parents et ça s’est amélioré.
- En évaluation de français, mes parents me mettent la pression
- Je n’aime pas ce qu’on fait, ça ne m’intéresse pas, donc je ne vais pas m’embêter à répondre aux questions.
- Je n’ai jamais compris la logique de l’orthographe. Je n’ai jamais eu de bonnes notes en dictée. Je suis nul(le) en orthographe.
- Depuis le CE2, je n’ai plus compris les maths, c’est devenu très compliqué.
- En CE2, je n’arrivais pas à bien faire les divisions, car j’avais une maitresse qui n’expliquait pas assez clairement
- En CE1, je n’arrivais pas vraiment à progresser, car ma maitresse, je ne l’aimais pas trop. Elle ne répondait pas à mes questions.
- A partir du mois de novembre, quand je suis arrivée dans cette école, je n’y comprenais plus rien du tout. Car on n’était pas au même niveau. Dans mon ancienne école, quand on en était aux additions, ici, on en était aux multiplications. J’étais perdue.J’ai pu rattraper, car j’ai appris mes leçons.
- A un moment, comme j’avais des problèmes avec mes copines, mes notes ont commencé à baisser. J’ai vu un psychologue qui m’a donné des exercices, et puis voilà.
- En Géographie, je n’arrivais pas à apprendre, car ça ne m’intéressait pas
- Je n’y arrivais pas car mes frères et sœurs me gênaient à la maison
- A des moments, j’ai des problèmes familiaux, ça m’empêche un peu de travailler.
- Il y a des moments où je comprenais la grammaire en classe, et puis plus à la maison.
- Parfois, j’ai des angoisses, quand par exemple mes parents se disputent. Je ne me concentre plus, j’ai des mauvaises notes.
- Je n’ai jamais trouvé la technique pour apprendre mes leçons.
- Depuis le CP, je n’arrive pas à lire rapidement. Ça me gêne.
- J’ai vécu des traumatismes, donc mes notes baissaient à cause de ça.
- Quand mes parents se sont séparés, ça m’a posé des problèmes pendant un à deux ans.
- Moi aussi, quand j’ai eu des problèmes familiaux, je n’arrivais plus du tout à travailler.
- Quand j’avais moins réussi, c’est dû au fait que j’ai beaucoup changé d’école, d’amis et même de pays.
- J’ai eu deux morts de suite dans ma famille, donc je n’étais plus concentré.
Comment ont-ils vécu ce moment ?
- Ça fait du bien de tout dire. Ce qui était vraiment dans ma tête, j’ai tout vidé. Ça me soulage. (DG : Pourquoi tu ne l’as pas fait avant ?) Ça me gênait de le dire. Mes parents, je ne peux pas leur raconter mes problèmes. Ils vont me dire simplement qu’il faut que je travaille plus.
- Ça soulage de parler en groupe, car il n’y a pas que toi qui relaches tes sentiments, il y en a d’autres qui le font.
- Je n’ai pas trop envie de dire mes difficultés à ma mère, car ma mère a beaucoup souffert, elle aimerait que j’ai des bonnes notes à l’école, que je travaille bien. Ça me blesse quand elle entend que j’ai des mauvaises notes.
- Ça fait du bien de dire ce qu’on pense à en même temps une personne extérieure et des personnes qu’on connait.
- Je n’ai pas trop envie de le dire au professeur, car très souvent, tu le dis à un professeur et tous les professeurs sont au courant.
Que faire avec ça ?
- Ce qui est passé est passé…
- On devrait aller voir un psychologue pour lui dire ce qui nous gêne
- S’entraider à chaque fois qu’il y a un problème : le dire à une personne de confiance pour pouvoir tout relacher, avoir ce soulagement
- Ce serait bien que quand la maitresse voit qu’on n’est pas très bien, elle nous voit en privé
- De faire ça plus souvent, de partager en petit groupe et de dire ce qu’on a sur le cœur
- De dire à quelqu’un qui peut nous comprendre car il a eu à peu près les mêmes problèmes
Parler de nos difficultés à notre maitresse/maitre ?
- Je ne dirais pas tout à ma maitresse. C’est privé.
- Pourquoi je dirais à la maitresse et pas à mes parents ?
- Il faudrait une autre salle pour éviter que tout le monde nous voit et entende
- Il faudrait plutôt des filles et garçons avec qui on est en confiance + le maitre ou la maitresse
- Si j’ai du mal à le dire à mes parents, je ne vois pas pourquoi je le dirais à la maitresse. Je suis aussi d’accord avec l’idée d’une autre salle.
- L’élève préviendrait le maitre ou la maitresse, et pendant la récré, ils se parleraient
- On pourrait chacun avoir un petit cahier et tous les jours, quand on aurait une pensée sur le cœur, on l’écrirait. Ça reste ou privé, ou on le montre à quelqu’un de confiance. Un cahier de sentiments.
- Parler à quelqu’un en qui tout le monde a confiance dans la classe
- Avoir tous les quinze jours, un quart d’heure où tout le monde pourrait se parler, plutôt en petit groupe
- Un carnet où chacun écrit, et puis on le lit dans le petit groupe, si on le souhaite. S’il y a des choses en commun, c’est intéressant
- On mélange les cahiers et on les lit
Ça changerait quoi ?
- Ça nous mettrait de bonne humeur dans la classe
- Ça nous relacherait, et après, on se sentirait mieux.
- Ça changerait tout ! Tous les mauvais sentiments, ou bons, seraient sortis
- Si tu vas à l’école avec le cœur libre, ça te permet de mieux travailler et d’être plus concentré sur ton travail
- T’auras plus de plaisir à aller à l’école, car beaucoup d’élèves n’aiment pas trop aller à l’école
- Ça changerait tout, il y aurait plus de confiance et de contacts entre nous
- On aurait le cœur plus léger, notamment pour ceux qui ont une vie familiale très compliquée. Ils auront de meilleurs résultats.
- Quand on sait tous les problèmes qu’il peut y avoir dans la vie, ça permettrait d’adoucir les gens.